Historique
1.1 Création de la « PRS »
Le projet « Technologies de l’information et de la communication (TIC) pour la redevabilité sociale dans le sous-secteur de l’éducation en RDC » a été développé par la Banque mondiale sur recommandation du MINEPSP pour évaluer l’utilisation des moyens de communication modernes dans l’amélioration des canaux de communication au sein du système éducatif et renforcer la capacité du gouvernement à gérer la qualité du programme de l’enseignement primaire. Dans ce cadre, il a également été testé et démontré comment une plate-forme TIC peut amplifier la voix des parents pour garantir que les institutions qui fournissent l´éducation soient tenues responsables de l’amélioration de la qualité de celle-ci. Ceci a été financé par la Coopération belge au développement dans le cadre d’un fond externe pour l’initiative « Utiliser le numérique pour renforcer la gouvernance du secteur de l’éducation en République démocratique du Congo ».
La plateforme a été conçue pour répondre plus spécifiquement à deux contraintes majeures suivantes :
- Le manque de canaux de communication efficaces à la disposition des responsables politiques du MINEPSP au niveau central d’une part et d’autre part les structures administratives déconcentrées du ministère au niveau provincial et sous-provincial (PROVEDs et Sous-PROVEDs). Au niveau central ainsi qu’au niveau déconcentré, il a été constaté un manque d’outils permettant l’échange d’informations en temps réel entre l’administration central, les 60 PROVEDs, et les 258 sous-PROVEDs existantes sur toute l’étendue du territoire national de la RDC comme étant une contrainte majeure à la mise en œuvre des politiques en faveur de l’éducation. Traditionnellement, la communication au sein du MINEPSP se limite à des rapports administratifs officiels qui ne favorisent dans aucun cas une communication effective s´effectuant dans les délais avec une bonne dynamique d’interaction (feedback) permettant la résolution des problèmes identifiés.
- Le manque de redevabilité sociale et de transparence des pourvoyeurs des services de l’éducation envers les citoyens (parents et élèves). La superficie de la RDC, le mauvais état des infrastructures, et surtout, la nature hiérarchique des institutions régissant l’enseignement primaire ne facilitent pas à la population de faire entendre ses revendications sur la qualité de l’éducation. Il a été constaté de ce fait, un manque des mécanismes permettant de recueillir des plaintes et revendications sur divers aspects dans le secteur de l’éducation, et qui facilitent en même temps un accusé de réception dans le délai de la part des autorités de tutelle.
1.2. Institutionnalisation de la PRS
Ce projet a été mis en œuvre par une équipe dynamique de la Banque mondiale et de la compagnie VIAMO, en étroite collaboration avec quelques directions stratégiques du MINEPSP présentés dans l’organigramme joint ci-dessous. Le ministère de l’EPSP s’est approprié et engagé efficacement pour la mise exécution de ce projet pilote à travers les actions suivantes :
- Promulgation d’un Arrêté Ministériel institutionnalisant le projet « Allô École ! » comme une plate-forme de redevabilité ;
- Désignation du Service de Gestion de Communication (SGC) comme Bureau technique principal chargé de l’opérationnalisation de la plateforme ;
- Désignation d’un Coordonnateur principal de la plate-forme ainsi qu’une unité de suivi comprenant des points focaux au sein des directions clés du ministère chargés de répondre aux revendications, plaintes et dénonciations recueillis de la population, et de la création des enquêtes en fonction du besoin en information du MINEPSP.
Figure 1 : Organigramme de gestion de la PRS
Développement technique de la PRS
2.1 Installation de l’infrastructure technique
- Installation et activation du serveur de la plateforme : La synergie entre la Banque mondiale et le gouvernement congolais a conduit à l’installation du serveur et à l’activation de la passerelle GSM au niveau de la SCPT, permettant de relier la plateforme aux utilisateurs locaux. Bien que d’autres enquêtes basées sur la téléphonie mobile aient été mises en place en RDC, la PRS est considérée comme une innovation, étant donné que l’infrastructure technique est totalement gérée par le gouvernement, ce qui permet une appropriation à long terme.
- Intégration et signature des contrats avec les opérateurs de réseaux de téléphonie mobile : Une synergie entre le Vice-premier ministre des PTNTIC et le ministère de l’EPSP ont dirigé le processus de mise en place des accords commerciaux sociaux avec les télécoms pour permettre une utilisation quasiment gratuite des appels vocaux et messages SMS émanant de la plateforme. ‘Le ministère de l’EPSP a également facilité le processus d’obtention d’un numéro vert, le ‘’178’’, auprès du régulateur des télécommunications pour faciliter l’accès à la PRS. A ce jour, la PRS est accessible via les 3 réseaux majeurs de téléphonie mobile locaux à savoir, Vodacom, Orange et Airtel.
2.2 Renforcement des capacités techniques
La Banque mondiale a fourni 13 kits informatiques (des ordinateurs portables et accessoires informatiques) pour faciliter le travail quotidien des opérateurs de la plate-forme. VIAMO a travaillé avec les directions impliquées pour renforcer les capacités techniques de chaque point focal et opérateur. Les activités suivantes résument en quelques lignes :
- Développement d’un manuel d’utilisation de la plateforme comprenant des descriptions sur chaque fonctionnalité de la plateforme ;
- Organisation des formations technique sur les aspects fonctionnelles de la plateforme ainsi qu’une mise à niveau en gestion de l’outil informatique ;
- Organisation des formations sur la planification des enquêtes, la création des protocoles de gestion de requêtes ainsi que le suivi des enquêtes afin d’assurer l’efficacité et la rapidité des réponses aux utilisateurs finaux de la PRS.
- De plus, chaque unité focale de MINEPSP (DIFORE, DIPROMAD et N’Sele sous- PROVED) a bénéficié d’un appui technique profond sur l’amélioration de la culture numérique des fonctionnaires dans l’utilisation de l’internet et des outils informatiques à des fins professionnelles (utilisation de tableurs, logiciels de traitement de texte, programmes de présentation, courrier électronique).
2.3. Opérationnalisation de la plateforme : comment ça marche ?
Accessible via smartphone et tout téléphone portable, « Allô École! », est en effet une application logicielle Web qui permet aux opérateurs du back office (en l’occurrence, le personnel du Service de Gestion de Communication du MINEPSP) de créer et d’analyser des messages ou des enquêtes auxquels la population peut accéder via le service de messagerie court (SMS ) ou serveur vocal interactif (SVI), une technologie importante pour obtenir des commentaires de la population ayant un faible niveau d’alphabétisation. Allô Ecole est constitué de deux voies de communication, à savoir, un canal G2G c’est-à-dire de gouvernement à gouvernement soutenant une communication interne efficace entre les structures administratives centrales et celles au niveau provincial ou déconcentré et un canal P2G dit le Peuple à gouvernement qui renforce la communication entre les parents d’élèves et les prestataires de l’éducation.
Le back-office de Allo Ecole créé à son tour des sondages et répond aux requêtes spécifiques en utilisant un système de gestion des tickets sur des interfaces personnalisées. Son canal G2G est configuré de manière à ce qu’un représentant du MINEPSP (un operateur) envoie instantanément une série d’information ou sondage sous forme de message vocal ou SMS à un groupe d’abonnés. Les utilisateurs peuvent également recueillir des réponses à son message en temps réel. Cette plate-forme facilite donc la communication interne entre l’administration central ministériel et ses structures décentralisées, créant de facto un intranet mobile fondé sur l’utilisation des SMS et du SVI. Pour utiliser le canal P2G de la plate-forme, un parent d’élève dans une école ciblée du projet émet un appel vocal gratuit au 178 pour accéder au sondage. Ainsi, Allo Ecole donne une possibilité de suivre et d’informer la mise en œuvre des politiques du secteur de l’éducation et déclenche des actions correctives du MINEPSP.
Les figures 2 et 3 illustrent les voies de communication des canaux G2G et P2G.

Figure 2 : Diffusion des informations et enquêtes sur le canal P2G

Figure 3 : Diffusion des informations et enquêtes sur le canal G2G
Dans le cadre de la phase pilote de « Allô, École ! », allant de l’année scolaire 2015/2016 a 2016/2017, le choix des thématiques sur lesquels les sondages ont été développés était basé sur la distribution et l’utilisation des manuels scolaires, la construction d’écoles, les frais de scolarité et l’absentéisme des enseignants et des élèves. Les résultats sont automatiquement agrégés par question et catégorie des répondants, et sont représentés sous forme de visualisations graphiques dans l’interface d’analyse pour y faciliter l’interprétation aux décideurs (voir l’exemple d’une représentation graphique sur la figure 4 ci-dessous).

Figure 4 : Résultat de sondage sur l’effectivité de la rentrée scolaire 2016/2017
Sensibilisation
Le processus d’identification des partenaires de la société civile est une analyse approfondie des partenaires locaux actifs dans le secteur de l’éducation pour assurer une aide efficace de la population dans les zones ??????. La Coalition Nationale de l’Education pour Tous (CONEPT) et la Fédération des Scouts de la République démocratique du Congo (FESCO) ont été sélectionnés comme partenaires de formation et de sensibilisation à Kinshasa. Dans la ville de Tshikapa, le Centre d’Appui au Développement de la Femme en Action (CADEFA) a été désigné comme partenaire de formation, assisté par l’église catholique de Tshikapa.
Les activités de sensibilisation ont débuté au milieu de l’année scolaire 2015-2016 et ont concerné 325 écoles de la commune de Ngaliema et la N’Sele, ville de Kinshasa ainsi que celles dans la ville de Tshikapa. Ceci a été suivi d’une période de mise en place, puis d’un instant de pause permettant l’analyse des leçons apprises en vue de l’intégration et des ajustements techniques et organisationnels dans la phase pilote suivante de l’année scolaire 2016-2017 à la sous-division de la N’Sele.
3.1 Principaux acteurs engagés dans la mise en exécution
Le Projet pilote est conçu dans l’optique de faire adopter une approche extrêmement collaborative afin de mobiliser des différentes parties prenantes, de favoriser l’appropriation nationale, et la participation d’autres partenaires impliqués dans l’amélioration de l’éducation. Les acteurs clés comprennent :
- PROSEB : L’équipe de mise en œuvre a coordonné étroitement la première phase pilote du projet avec les gestionnaires du PROSEB dans le suivi de la distribution des manuels scolaires, une thématique clé dudit projet. PROSEB a également participé à la conception des supports d’information pour les opérations de sensibilisation de l’année scolaire 2015/2016.
- PAQUE et PEQPESU : De même, l’équipe de mise en œuvre a également travaillé avec les gestionnaires de ces deux projets pour assurer la pérennité de la plate-forme « Allo Ecole » au-delà du financement de la coopération belge.
Résultats à ce jour et perspectives
À ce jour, la plate-forme a accumulé plus de 13 000 appels via son canal P2G et a généré un nombre considérable d’enquêtes atteignant plus de 1000 écoles et tous les PROVED et S-PROVED. Pour garantir une utilisation continue de la PRS, la prochaine étape pour MINEPSP devrait être d’inclure un programme de renforcement des capacités organisationnelles du SGC afin de promouvoir le bon fonctionnement de l’unité de suivi dans la gestion efficace des requêtes, ainsi établir un véritable écosystème de redevabilité dans le secteur de l’éducation. S’agissant de la manière dont le MINEPSP communiquera avec la société civile et d’autres parties prenantes sur les actions entreprises dans la résolution des problèmes et revendications identifiés via la PRS doit également être davantage explorée. La société civile devra également jouer le rôle de faire rapport aux enseignants et aux parents d’élèves des actions prises par le ministère à travers cet outil pour renforcer les relations de confiance entre les citoyens et les pourvoyeurs de l’éducation.

Dépliant Allô! Ecole