Gratuité de l’enseignement primaire : « Cette réforme a été bien accueillie par les parents » (ANAPECO)

A sa cinquième année scolaire de mise en œuvre tel que prévu par la Constitution de la République, la réforme sur la gratuité de l’enseignement primaire dans les écoles publiques demeure l’une des réformes phares engagée dans le sous-secteur de l’EPST qui fait l’objet d’une importante mobilisation au regard de son caractère éminemment social.

Elle a permis d’une part de récupérer plus de 6 millions d’enfants en âge de scolarité dans le circuit scolaire et de l’autre, elle a soulagé les dépenses des ménages. Pour avoir un aperçu global de l’apport de la gratuité sur le portefeuille des millions de ménages à travers le territoire national, la rédaction de la Direction de Gestion de Communication (DGC) du ministère de l’EPST s’est entretenue avec le Président National-Représentant légal de l’Association Nationale des Parents d’Élèves et Etudiants du Congo (ANAPECO), Diatezwa Mpongi David Steve.

DGC : Évoquer la gratuité de l’enseignement primaire rime impérativement avec la suppression des frais scolaires. Dites-nous, quels sont les différents frais qui ont été supprimés pour parvenir à la gratuité de l’enseignement au niveau primaire ?

Steve Diatezwa : il y a eu tout d’abord la suppression des frais relatifs à la prise en charge des enseignants par les parents. Cela a été supprimé pour les parents au niveau du cycle primaire. Il y a eu également la suppression du minerval dont le coût revenait à mille francs congolais (1.000FC) par élèves que les parents payaient. Nous pouvons en outre citer le frais qui se rapporte au bulletin scolaire qui a été supprimé. Hormis les frais que je viens d’évoquer, il faut noter que d’autres frais d’intervention ponctuel ont également été supprimés.

DGC : Vous êtes l’un des parents le mieux positionné pour parler à la place de vos pairs. Dites-nous, dans quelle mesure la mise en œuvre de la gratuité de l’enseignement primaire a-t-elle réellement contribué à alléger le budget des ménages?

SD : Il faut dire que l’apport de la gratuité de l’enseignement primaire dans les ménages disséminés sur toute l’étendue du territoire national est une réalité. Il va de soi que lorsqu’on ne paie plus les frais d’interventions ponctuels, lorsqu’on ne paie plus le bulletin, lorsqu’on ne paie plus les frais de minerval, lorsqu’on ne prend plus en charge les enseignants; les ménages ont été revigoré par cette économie qui a permit de faire des économies.

DGC : Sur une échelle de 1 sur 10, quelle note pouvez-vous donner s’il vous était demandé d’évaluer l’apport de la gratuité dans les ménages ?

SD : Sur une échelle de 1 sur 10, je peux dire que la gratuité de l’enseignement primaire a contribué à 5/10 dans les ménages.

DGC : Selon que l’on se situe en milieu urbain ou rural, l’appréhension de la gratuité de l’enseignement diffère. Selon les informations en votre possession, comment cette réforme a-t-elle été accueillie dans les milieux ruraux ?

SD : Il faut retenir que nous avons mis sur place 50 comités provinciaux et 620 comités sous-provinciaux qui supervisent au milieu des comités scolaires dans les écoles. Et les échos qui nous parviennent par le canal de ce mécanisme renseignent que cette réforme a été bien accueillie par les parents.

DGC : La gratuité de l’enseignement primaire, comme c’est prévisible dans l’exécution d’une réforme, a occasionné des effets induits notamment la pléthore dans les salles de classe. Le Gouvernement y apporte des réponses notamment avec la construction des salles de classe plus précisément avec ce qui se réalise au travers du Programme de Développement de 145 territoires (PDL145T) et autres programmes. Quelles sont les échos qui vous parviennent dans le sens d’endiguer ces effets sous-jacents ?

SD : Nous savons que, cette réforme a effectivement eu à rencontrer les effets induits dont les pléthores des enfants dans les salles de classe. Néanmoins, il y a eu des solutions palliatives apportées par le ministère notamment la mise en place des salles bâchées; l’augmentation du nombre d’enseignants; la paie de plus de 250.000 enseignants du niveau primaire; la prime de la gratuité ainsi que la prime de brousse octroyée aux enseignants. Et quand on voit la construction des écoles par le truchement du Programme de développement de 145 territoires, c’est une réponse mais pas encore satisfaisante au point de résorber totalement le problème. Qu’à cela ne tienne, c’est déjà un début de réponse au problème sous examen. Et cet effort devra se poursuivre pour qu’il y ait de plus en plus de nouvelles écoles, de nouvelles salles de classes et des nouveaux enseignants mais aussi des bancs pupitres pour les élèves.

DGC : Parlons financement de la gratuité de l’enseignement primaire. Nous savons que le financement de la gratuité du primaire est une question qui se discute dans le milliard de dollars américain par an. Vous, en tant que partenaire éducatif, quelles propositions ou idées de financements innovants peuvent être mises en place pour soutenir les efforts existants ?

SD : À ce sujet, nous estimons qu’il conviendrait tout d’abord à intensifier la sensibilisation non seulement des parents mais aussi des gestionnaires et des responsables des provinces pour que le Fonds de Promotion de l’Education et de la Formation (FPEF) puisse recevoir effectivement le produit minerval payé par les parents pour soutenir cet établissement d’utilité publique qui a pour vocation d’appuyer l’action du gouvernement. Et c’est en cela que nous sommes fiers de constater que c’est avec l’argent que les parents ont payés dans ce cadre qu’il a été initié le programme dénommé « Pas une école sans banc ». Donc, c’est l’argent que les parents ont payé qui fait fonctionner ce programme. Aux derniers échos, le programme continue et c’est plus de 60.000 bancs qui devaient déjà été livrés dans les différentes écoles publiques sur toute l’étendue du territoire national.

DGC : Au-delà de ce qui est fait, selon vous, qu’est-ce qui pourrait être fait pour pérenniser la gratuité de l’enseignement primaire en République Démocratique du Congo?

SD : Ce qui peut être fait pour garantir la pérennisation de la gratuité c’est d’abord l’augmentation du budget alloué au secteur de l’éducation en vue d’améliorer les conditions de travail des enseignants. Ainsi, une fois que le salaire de l’enseignant est amélioré et que le recrutement des enseignants qualifiés pour combler le besoin en ressources humaines se matérialise, ces facteurs de succès combinés feront que l’école se porte mieux.

Paulin NGENDA

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